By Vatican News
Après 21 jours de travaux synodaux, le Souverain pontife a présidé la messe de clôture du synode spécial sur l’Amazonie, délivrant une homélie centrée sur l’importance de la pauvreté de vie pour plaire à Dieu.
La prière du pharisien centrée sur le moi
Le Pape François s’est appuyé sur l’Évangile du jour et trois personnages: le pharisien, le publicain et le pauvre. «La prière du pharisien est centrée sur lui-même, sans amour. A la fin, au lieu de prier, il se loue donc lui-même. Il est dans le temple de Dieu, mais il pratique la religion du moi», a décrié François.
De plus, outre le fait d’oublier Dieu, le pharisien oublie le prochain, et le méprise: pour lui, le prochain n’a pas de valeur, car lui se considère meilleur que les autres qu’il appelle, littéralement, «les restants, les restes», a détaillé le Pape, avant de dénoncer les comportements pharisiens que tout un chacun peut adopter.
Ainsi le pharisien méprise leurs traditions, il efface leurs histoires, il occupe leurs territoires, usurpe leurs biens. «Que de prétendues supériorités qui se transforment en oppressions et en exploitations, même aujourd’hui!»
Selon le Pape, survient alors le piège de tomber dans la «religion du moi».
L’oubli du prochain
«Les erreurs du passé n’ont pas suffi pour qu’on arrête de détruire les autres et d’infliger des blessures à nos frères et à notre sœur terre: nous l’avons vu dans le visage défiguré de l’Amazonie. La religion du moi continue, hypocrite avec ses rites et ses “prières”; elle oublie le vrai culte à Dieu qui passe toujours par l’amour du prochain», a poursuivi le Saint-Père.
Et le Pape François d’appeler chacun à faire son examen de conscience: «Considérons-nous quelqu’un comme inférieur, jetable, même seulement en paroles, à nous? Ce mépris, cette médisance, ce cynisme et cette moquerie déplaisent à Dieu», a-t-il insisté.
L’humilité du publicain
À l’inverse, la prière du publicain aide, elle, au contraire, à comprendre ce qui plaît à Dieu.
En effet, le publicain ne commence pas par ses mérites, mais par ses lacunes; «non pas par sa richesse, mais par sa pauvreté, non économique, mais une pauvreté de vie, parce qu’on ne vit jamais bien dans le péché», a développé le Pape.
Ainsi pendant que le pharisien est devant et debout, le publicain se tient à distance et «n’ose même pas lever les yeux vers le ciel», parce qu’il croit que le Ciel existe et est grand, tandis que lui se sent petit.
«Il se frappe la poitrine, parce que dans la poitrine se trouve le cœur». De là naît sa prière, transparente, a affirmé François.
Prier en vérité
Le publicain met son cœur devant Dieu, et non pas les apparences… «Prier, c’est se laisser regarder de l’intérieur par Dieu, sans excuses, sans justifications». Du diable viennent l’opacité et la fausseté, de Dieu la lumière et la vérité, a complété le Pape avant de remercier tous les pères synodaux pour ce «beau» dialogue conduit «avec sincérité et franchise» pendant 21 jours.
Aujourd’hui, en regardant le publicain, nous redécouvrons donc d’où repartir: «de la conviction d’avoir tous besoin du salut», a relevé le Saint-Père, ajoutant: «celui qui est bon mais présomptueux échoue, et celui qui est mauvais mais humble, est exalté par Dieu».
Alors, si nous nous examinons intérieurement avec sincérité, nous voyons en nous tous les deux, le publicain et le pharisien, estime le Pape.
Les pauvres, icônes de la prophétie chrétienne
Enfin vient la prière du pauvre. Cette prière, dit Ben Sira le Sage, «traverse les nuées» (35, 21).
Pour le Pape, les pauvres, ces «portiers du Ciel», nous ouvriront toutes grandes ou non les portes de la vie éternelle, eux qui se ne sont pas vus comme des patrons en cette vie, qui ne se sont pas mis eux-mêmes avant les autres, qui ont eu seulement en Dieu leur richesse. «Ils sont des icônes vivantes de la prophétie chrétienne», en conclut-il.
Les pauvres, dont les voix ont été écoutées durant ce Synode, espère François. Or, bien des fois, même dans l’Eglise, les voix des pauvres ne sont pas écoutées, voire sont bafouées ou sont réduites au silence parce qu’elles sont gênantes, a-t-il déploré, priant «pour demander la grâce de savoir écouter le cri des pauvres, car il est le cri d’espérance de l’Eglise». «En faisant nôtre leur cri, notre prière aussi traversera les nuées».