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Antoine et la Nature

Lorenzo Brunazzo

La forêt Amazonienne, le plus grand poumon vert de la terre et la zone la plus riche en biodiversité, a été ravagée récemment par de grands incendies dont la fumée ne s’est pas encore dissipée et le grand public est invité à réfléchir sur le sujet économique et écologique de la pathologie des végétaux.

Est-ce que les bonnes intentions pourrons endiguer les mauvaises actions? L’Assemblée des Nations Unies a décidé que 2020 sera l’Année internationale de la santé des végétaux en soulignant que entre 20 et 40% de la production des céréales est détruite chaque année par les maladies botaniques qui provoquent des dégâts correspondant à 220 milliards de dollars auxquels il faut ajouter 70 milliards provoqués par les insectes.

Abstraction faite des coûts auxquels le monde moderne est très sensible et des dégâts à l’environnement provoqués par la diffusion au niveau global de parasites destructeurs comme la mouche orientale des fruits, il me semble juste de souligner que la grande ressource de l’empathie des hommes doit s’étendre aussi au monde végétal si loin de nos paramètres d’identification.

On a du mal à comprendre l’élément vital d’un être vivant qui ne se déplace pas et qui n’émet pas de sons. Toutefois aujourd’hui aussi, je cherche un refuge pour mon esprit dans une grotte au fond d’une forêt qui m’a accueilli, hélas pour trop peu de temps, après le chapitre des Nattes (Pentecôte de 1221) et je regarde avec tristesse les ormes sur les collines atteints de maladies incurables qui en font sécher les feuilles et je ne peux pas ne pas penser à leurs pleurs.

Comme il m’arrivait, pendant les dernières semaines de ma vie terrestre d’embrasser les branches du noyer sur lequel je m’étais réfugié à Camposampiero pour me reposer un peu, je ne pense pas qu’il ressentait ma présence mais son contact me réconfortait comme s’il y avait eu un lien profond entre sa fibre rêche et le Dieu de toutes choses.

Pour convaincre les foules, dans mes sermons, je donnais une signification morale à chaque partie de l’arbre qui produit des fruits devant le Seigneur. Les racines qui, comme des rayons, s’étendent sous la terre représentent la véritable humilité qui plus elle pénètre dans la profondeur en s’abaissant, plus elle est élevée. Le tronc est le symbole de l’obéissance qui est plus fort que l’obstination du cœur.

Les branches symbolisent la charité, les feuilles la sainte prédication et les fruits la douceur de la sainte contemplation. Par ailleurs, dans toute la Bible l’arbre, profondément enraciné dans la terre et se dressant au-dessus de tous les êtres vivants, est le symbole du lien entre la terre et le ciel. Le Seigneur dans le jardin de l’Éden fit pousser toutes sortes d’arbres parmi lesquels l’arbre de la vie et de la connaissance du bien et du mal.

L’homme pécheur est rendu mortel quand il a cueilli les fruits de l’arbre de la vie qui l’auraient fait vivre pour toujours. Cet arbre, interdit après le péché originel, a été rendu par le Christ sur la croix. Dans l’Apocalypse, l’arbre de la vie, planté au milieu de la place de la Jérusalem céleste, sera le prix de la victoire pour tous les bienheureux.

J’ai eu la joie de parler d’autres plantes pendant mes prédications: le noble cèdre haut et parfumé, incorruptible comme la vie de l’homme juste. Le palmier qui comme Marie se dresse dans le tronc de son écorce rêche et qui fleurit vers le ciel avec les doux fruits de la grâce. La vigne qui symbolise la foi en Christ quand elle s’enracine dans le cœur de l’homme en produisant des grappes de bonnes œuvres remplies du moût de l’amour.

Enfin la fleur que l’on m’a donnée comme emblème, le lys des champs, pas du jardin médicamenteux, blanc et parfumé. Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux. Et je le tiens toujours dans ma main à côté du livre de la sagesse car il n’y a pas de véritable sagesse sans la rectitude des intentions.