Année 131 - Mai 2019En savoir plus
Avec le “Magnificat” dans le coeur
abbé Livio Tonello, directeur
Le mois de mai nous invite à lever les yeux avec confiance vers Marie. Nous nous adressons à elle avec l’ancienne et pieuse prière du Rosaire qui, s’il ne se transforme pas en une mécanique répétition de formules traditionnelles, est une méditation biblique qui nous permet de parcourir les événements de la vie du Seigneur en compagnie de la Sainte Vierge. Conservons donc, comme elle, ces événements dans le cœur: à son école, la lampe de la foi brillera toujours plus dans notre âme et dans nos maisons. Le mois de mai termine avec la belle fête de la Visitation qui pourrait être le “fil rouge” qui nous accompagne durant tout le mois. L’Évangile de Luc raconte le voyage de Marie de Nazareth jusqu’à la maison de sa cousine plus âgée Élisabeth. Tâchons d’imaginer les émotions de la Vierge après l’Annonciation.
Quand l’Ange la quitta, Marie se retrouva avec un grand mystère dans le ventre. Elle savait que quelque chose d’extraordinaire s’était passé et elle comprenait que le dernier chapitre de l’histoire du salut du monde avait commencé. Mais autour d’elle, tout était resté comme avant et dans le village de Nazareth tout le monde ignorait ce qui avait eu lieu. Mais avant de se soucier d’elle-même, Marie pense à Élisabeth qui est enceinte: poussée par le mystère qu’elle a accueilli en elle-même, elle part en hâte pour aller aider sa cousine. Voici la grandeur simple et sublime de Marie! Quand elle arrive à la maison d’Élisabeth a lieu quelque chose qu’aucun artiste ne pourra jamais représenter par la peinture.
La lumière intérieure de l’Esprit Saint enveloppe les deux femmes. Élisabeth, rempli de l’Esprit Saint, dit dans un grand cri: «Bénie estu entre les femmes et béni le fruit de ton sein! Et d’où m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur? Car voici: comme le ton de ta salutation frappait mes oreilles, l’enfant a tressailli de joie dans mon sein. Heureuse celle qui a cru que s’accomplira ce qui lui a été dit de la part du Seigneur» (Luc 1,42-45). Ces paroles pourraient nous paraître disproportionnées par rapport au contexte réel. Élisabeth est une des nombreuses femmes âgées d’Israël et Marie n’est qu’une des jeunes-filles d’un petit village de Galilée.
Que peuvent-elles faire dans un monde où comptent d’autres personnes et pèsent d’autres pouvoirs? Cependant Marie nous étonne encore une fois: son cœur est limpide et totalement ouvert à la lumière de Dieu; son âme est sans péché et n’est pas alourdie par l’orgueil et l’égoïsme. «Mon âme exalte le Seigneur»: Marie reconnaît la grandeur de Dieu. C’est le premier et indispensable sentiment de la foi, le sentiment qui donne assurance à la créature humaine et qui la libère de la peur même dans les tempêtes de l’histoire. En regardant en profondeur, on peut dire que Marie “voit” avec les yeux de la foi l’œuvre de Dieu dans l’histoire. C’est pour ça qu’elle est “heureuse” car elle a cru: c’est par la foi qu’elle a accueilli la parole du Seigneur et qu’elle a conçu le Verbe incarné.
Après bien des siècles, son Magnificat reste la plus vraie et la plus profonde interprétation de l’histoire tandis que celles faites par tant de savants ont été démenties par les faits au cours des siècles. Vivons donc ce mois avec le Magnificat dans le cœur. Conservons en nous les mêmes sentiments de louange et de remerciement de Marie vers le Seigneur, sa foi, son espérance et son docile abandon dans les mains de la Providence et imitons son exemple de générosité en servant nos frères.