Année 135 - Janvier-Février 2023En savoir plus
Ce bonheur qui est béatitude
abbé Livio Tonello, directeur
À la fin d’une année et au début de l’année nouvelle, on s’échange réciproquement des vœux. Tout ce que l’on désire pour soi et pour les autres est sans doute le bonheur : « Bonne année, joyeuse année, que tous tes désirs de bonheur se réalisent ! ». Certainement toute existence humaine est orientée vers le bonheur et on essaie de l’atteindre de diverses manières.
Chacun a son idée personnelle du bonheur par exemple, avoir de l’argent, le pouvoir, la santé. Probablement le vrai bonheur n’existe pas et il n’y a que des personnes heureuses. Et l’on peut l’être sans posséder beaucoup de biens ou sans avoir un poste important. Au contraire, ce sont souvent les soucis liés aux affaires qui peuvent détruire la sérénité.
Alors quelle direction faut-il prendre pour s’orienter vers le bonheur ? En réalité, Jésus n’a jamais promis le bonheur, mais il a plutôt indiqué la voie des béatitudes. Dans l’Évangile, les bienheureux n’ont rien à faire avec la gratification humaine, parfois il y a des situations qui semblent être l’exact contraire. La pauvreté, la maladie, les injustices, les persécutions… quelle sorte de joie peuvent-elles promettre ? Au contraire, la béatitude est la conscience d’avoir les mêmes sentiments que Dieu.
Sentir, malgré des situations difficiles, que c’est le chemin d’une vraie humanisation. Heureux les miséricordieux, les cœurs purs, les doux, les artisans de paix... ceux qui ne s’acharnent pas à s’afficher. Ils partagent la réalité quotidienne des autres en valorisant la dignité de chacun dans l’esprit de la solidarité qui nous rend tous frères et sœurs. Mais l’on peut réfléchir aussi sur une autre question : on pense au bonheur toujours en perspective ; il est l’attente de quelque chose qui pourrait arriver dans le futur.
Nous attendons une rencontre, nous espérons un changement ou un coup de chance... toujours après. Les chrétiens aussi vivent dans la perspective du futur : il s’agit de la dimension eschatologique, c’est-à-dire de l’accomplissent de toutes les aspirations au bien en Dieu. Mais cette béatitude future se manifeste déjà maintenant. L’écrivain Oscar Wilde, célèbre pour ses aphorismes, affirmait que « le bonheur n’est pas avoir ce que l’on désire, mais désirer ce que l’on a ». Il faut vivre dans la plénitude la vie qu’on nous a donnée en réalisant la béatitude évangélique que Jésus lui-même a poursuivie.
Elle représente la source des satisfactions qui mettent en valeur l’originalité de chacun, en accueillant avec sérénité ce que la vie nous offre. Si nous pensons que le bonheur est l’absence de problèmes, il y aura toujours quelque chose qui nous empêche de l’atteindre. Remercier Dieu chaque matin pour le miracle de la vie est le signe du chemin que nous parcourons.
Dans le désert, il y a des oasis : il y en a toujours une dans la profondeur de notre âme. Par exemple, contempler la création peut nous aider à vivre « une béatitude naturelle » qui remplit de joie notre cœur. N’oublions pas que nous faisons partie de l’immense œuvre de création de Dieu. Elle peut être la maison du bonheur, si nous la vivons dans la joie évangélique.
Bonne année, pleine de bonheur !