Année 133 - Mars 2021En savoir plus
Conte de fée ou réalité ?
la Rédaction
L’été dernier, j’ai passé quelques jours en Ombrie (Italie) avec mes parents et nous avons visité aussi la petite ville de Gubbio. J’ai été fasciné par le récit de saint François qui avait apprivoisé un énorme loup et puis par son extraordinaire capacité à parler aux oiseaux et aux autres animaux. Papa continuait à me répéter que ce ne sont que des légendes tandis que maman soulignait qu’il y a aussi des témoignages historiques. S’agit-il d’un conte imaginaire pour nous fasciner ou y a-t-il quelque chose de plus chez ce saint que nous aimons tant ?
Jean
En réalité, tes parents ont raison tous les deux ! Il s’agit de récits historiques autour desquels sont nées des légendes. Il est certain que quelque chose s’est passée entre saint François et le loup qui effrayait les habitants de la petite commune. Par ailleurs, nous avons d’autres témoignages de traditions et de religions différentes qui parlent d’autres hommes et femmes qui, grâce à leur bonté, ont réussi à avoir des rapports pacifiques avec des animaux dangereux. Saint Séraphin donnait à manger dans sa main à un ours et Yogananda, un fameux guru (maître), avait toujours avec lui un léopard qui était devenu végétarien comme lui. Un père de l’Église, Isaac de Ninive, explique que les animaux sentent chez les saints le parfum de l’homme avant le péché originel quand il n’avait pas encore « peur » (Genèse 3,10) et que pour cette raison, il ne leur fait pas peur. L’histoire du loup de Gubbio se base sur un fait historique qui est devenu ensuite un conte fantastique qui nous enseigne à vivre mieux comme le font tous les contes de fée. Le message est clair : si on a peur de quelqu’un, on ne pourra que déchaîner des peurs qui déclenchent la violence. Au contraire, si on commence à avoir confiance et à agir avec douceur, même les animaux et les personnes les plus terribles, seront apprivoisés. N’est-ce pas le même message que celui du « Petit Prince » et de son renard ? Si tu ne le connais pas encore, je te conseille de le lire. Tous les soirs, il y a un renard qui vient à la porte du monastère où je vis avec ma communauté (dans la vallée d’Aoste) pour mendier quelques croûtes de fromage... et peu à peu, il s’approche un peu plus ! Un miracle de la confiance retrouvée entre notre humanité et la création.