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saint antoine decembre 2022
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D’origine modeste

abbé Livio Tonello, directeur

saint antoine origine modeste

Parfois dans la biographie des personnages célèbres de la littérature, on lit qu’ils étaient « d’origine modeste ». On peut certainement utiliser cette expression pour Jésus : on ne peut pas imaginer quelqu’un de plus humble et de plus précaire que lui. C’est donc tout à fait opportun d’utiliser cette expression pour Jésus. Pourtant elle s’applique à un roi, le roi du monde. Sommes-nous étonnés ? Commencer par le bas, par les derniers, par l’inattendu, c’est le style de Dieu.

Ceux qui savent lire le potentiel du futur dans de petits signes peuvent en tirer profit. Comme dans la célèbre petite histoire de cet homme qui rencontre trois tailleurs de pierres et leur demande ce qu’ils sont en train de faire. Le premier qui travaille mécaniquement sa pierre avec un air sombre et fatigué lui répond qu’il taille une pierre ; le deuxième lui répond que son travail est très dur, mais qu’au moins il le fait en pleine air ; le troisième étonne son interlocuteur en lui répondant avec un large sourire: « Je suis en train de construire une cathédrale ». Nous entrevoyons un futur lumineux dans la simple et humble naissance de Bethléem.

Nous le découvrons dans la foi en allant au-delà des apparences, saisis de stupeur. C’est une grande leçon pour nous. Entourés (et peut-être un peu fascinés) par les personnages du spectacle, nous courons le risque de perdre le sens de l’humain. Nous méprisons et nous éloignons le marginalisé et tous ce qui n’est pas attrayant. Revivre Noël signifie aller vers les périphéries existentielles ! Car l’histoire merveilleuse de la rédemption a commencé ainsi. D’abord à Nazareth, un petit village en Galilée, puis dans une étable, dans la campagne de Bethléem, enfin hors les murs de Jérusalem, à côté des larrons. Noël nous demande d’accueillir cette « histoire vraie ».

Le roi du monde s’est fait enfant pour partager la vie de tous les hommes, afin que personne n’ait honte de sa petitesse et que chacun se baisse pour l’embrasser. La pandémie nous a donné une grande leçon : elle a « égalisé la pelouse » en fauchant la vie des sains et des fragiles, des riches et des pauvres, des jeunes et des anciens... Mais elle nous a donné l’opportunité de repartir en tenant compte de tous, surtout des plus fragiles. Dans la nuit de Bethléem, il n’y avait ni Hérode, ni les prêtres du temple, ni les maîtres des Écritures.

De nombreux païens ont rendu hommage au Fils de Dieu tandis que les savants l’ont refusé. S’agit-il encore aujourd’hui d’une provocation divine pour secouer nos consciences ? Il est facile de faire les bien-pensants, de penser à la conversion des autres... Je suis ici, nous sommes ici, pour célébrer le sens profond du Noël audelà du vacarme du consumérisme. Le roi de la fête doit y être au centre, entouré de personnes semblables à celles qui ont reçu la « bonne nouvelle » de la part des anges.

Seuls les derniers ont pu dire « J’étais là », durant ce moment qui a révolutionné l’histoire. Au cours des siècles, les chrétiens ont bâti d’imposantes cathédrales en ponçant des pierres grossières. Sont-elles simplement de merveilleux témoignages du Moyen-âge ou des signes pour nous rappeler que Dieu n’y habite pas si dans le cœur des hommes, il n’y a pas de place pour lui ?