Année 133 - Janvier 2021En savoir plus
François nous indique le chemin
abbé Livio Tonello, directeur
Le 3 octobre dernier, sur le tombeau de saint François à Assise, le Pape François a signé sa troisième encyclique Fratelli tutti (tous frères) publiée le 4 octobre, jour de la fête de saint François. Cette nouvelle « lettre au monde » (la signification de la parole encyclique est « lettre circulaire ») interpelle toute la communauté humaine pour un changement de direction et elle fait référence à la spiritualité de saint François, en s’inspirant de ses écrits.
Au début de cette nouvelle année, nous voulons l’intérioriser comme un antidote au coronavirus, à l’indifférence et à la « culture du déchet ». Ces réflexions, par temps de pandémie, suscitent des interrogations sur l’urgence de nous mobiliser pour « renégocier » nos relations avec les « non-humains », en réduisant les conséquences des changements climatiques, des crises humanitaires (cause des migrations) et des inégalités sociales.
Le Pape a affirmé que « Nous nous sommes rappelés que personne ne se sauve tout seul... aujourd’hui ou bien nous nous sauvons tous ou bien personne ne se sauve. Nous avons pris conscience de notre fragilité mise à nu par la pandémie. Nous avons mieux compris que chaque choix personnel retombe sur la vie de notre prochain. Les événements nous obligent à regarder à notre réciproque appartenance comme frères, au sein d’une maison commune. » La pandémie a soudainement éclaté en bouleversant nos vies mais elle a aussi mis à nu nos « fausses certitudes » et notre « incapacité à vivre ensemble ».
C’est à cause de tout cela que, selon le Pape, la seule thérapie efficace pour guérir un monde malade, non seulement du Covid, est une nouvelle manière de vivre, basée sur la fraternité et l’amitié sociale. Notre société perd de plus en plus le sens de l’histoire : nous devrions en revanche faire l’effort de nous rappeler ce qui s’est passé pour comprendre les erreurs commises et essayer de ne pas les reproduire à l’avenir.
Le Pape nous admoneste en écrivant : « Plaise au ciel que ce ne soit pas un autre épisode grave de l’histoire dont nous n’aurons pas su tirer la leçon ! Plaise au ciel que nous n’oublions pas les personnes âgées décédées par manque d’appareils respiratoires, conséquence du démantèlement, une année après l’autre du système de la santé publique, et que cette grande douleur ne soit pas inutile. » Il est de plus en plus nécessaire de faire « un bond dans un nouveau mode de vie », de découvrir que « nous avons tous besoin les uns des autres » et de « reconnaître chaque être humain comme un frère ou une sœur pour chercher une amitié sociale qui intègre tout le monde ».
Comme toujours, le Pape François utilise des paroles simples et il exprime des idées claires aussi quand il nous rappelle que « la connexion numérique ne suffit pas pour construire des ponts, elle ne sait pas unir l’humanité ». Ce message a aussi une valeur politique quand le Pape souhaite « une gouvernance mondiale pour les migrations » et lorsqu’il fustige l’« insensé populisme » en nous rappelant que « le marché n’est pas la Solution ». Le Pape François a tracé le chemin, c’est à nous de le parcourir cette fois.