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Guérir de ses blessures

abbé Livio Tonello, directeur

La vie « est souvent source » de blessures. Certaines guérissent, d’autres pas. Leurs cicatrices nous rappellent nos batailles et nos victoires. Mais certaines blessures ne se cicatrisent pas. Saint Thomas a enfoncé ses doigts dans la plaie sur le flanc du Christ ressuscité. On peut lire ce geste symbolique non seulement à la lumière de la foi mais aussi comme une invitation à considérer le passé avec sérénité.

En effet les blessures qui marquent le corps du Christ ne saignent pas. Elles représentent les signes de la violence qu’il a subie mais elles ne laissent pas de traces dans l’âme. Des blessures rédimées. Elles génèrent un futur car elles sont encore ouvertes, mais elles ne font plus souffrir. Il s’agit donc d’un message de Pâques que nous pouvons accueillir après ces longs mois qui ont bouleversés nos vies.

Il ne manquait que la guerre en Ukraine qui a ajouté d’autres souffrances causées par les pertes, la solitude et de nombreuses frustrations qui resteront gravées à jamais dans le cœur des enfants, des mères et des personnes âgées. Chaque cicatrice raconte une histoire à partager. Mais elles ont aussi une signification positive à ne pas oublier. Le corps continue à se souvenir et les marques de la souffrance tracent le parcours et les tournants de notre vie, les imprévus et les choix difficiles.

Cela peut-être aussi une douleur de l’âme, un signe invisible : dans ce cas-là, on fait souvent semblant de rien, on essaie de l’ignorer et on espère qu’elle disparaîtra avec le temps. Je retrouve l’espoir de Pâques dans l’histoire de Costantina, une mère qui vit en Belgique et qui est membre de notre Association depuis de nombreuses années. Sa douleur déchirante pour la perte de sa fille atteinte d’une maladie incurable à l’âge de treize ans, s’est transformée en solidarité avec les familles qui vivent le même calvaire.

Elle a pu renaître intérieurement en créant une association de solidarité dédiée à sa fille Niagara (Niagara, un cœur gros comme ça). Une œuvre de bien fleurit là où le désespoir et la colère auraient pu prendre le dessus. Le fardeau de cette terrible douleur à porter tout au long des années aurait éte inutile. Elle garde le souvenir des moments heureux vécus ensemble, le visage solaire de sa fille lui manque tous les jours mais elle a su transformer ses mémoires en cicatrices et donner de l’espoir à d’autres mères.

Pour le croyant, le Ressuscité est l’image du nouvel homme. La croix et la mort ont été des expériences tragiques mais pas définitives. Le troisième jour, on entrevoit des germes d’espoir dans la chair meurtrie. Les disciples étonnés reçoivent un message pour repartir à nouveau. Toucher la douleur de la main signifie faire l’expérience de la limite. Nous pouvons émerger de l’abîme de la souffrance d’une manière nouvelle et inattendue et comme la maman de Niagara, caresser d’autres souffrances et transformer sa propre douleur en solidarité.

Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts. Et même si les larmes prennent le dessus, nous pouvons inonder les cœurs arides. Je vous souhaite à tous une Pâques pleine de paix, d’espoir et qui vous permette de renaître. Avec tous mes vœux !