Année 131 - Juillet/Août 2019En savoir plus
Laudato si’ mon Seigneur
abbé Livio Tonello, directeur
Avec la belle saison, la vie recommence riche en couleurs et nouveautés. Je crois qu’il est merveilleux de revivre chaque année les journées d’été et de contempler la beauté de la création: des images merveilleuses dans une myriade de couleurs, de parfums et de sons. Tout cela est un don mais aussi un engagement. Le livre de la Genèse nous rappelle que la terre a été confiée à l’homme et à la femme afin qu’ils la cultivent et qu’ils la gardent.
(Genèse 2,15) Comment répondons-nous à cet appel? Il y a de nombreux épisodes qui témoignent le lent et inexorable déclin de notre planète à partir du réchauffement climatique jusqu’à la pollution. Notre belle «maison» est en train de devenir inhospitalière. On fait de nombreuses proclamations mais les conversions sont rares. On a même vu quelqu’un refuser les accords sur le climat de Paris de 2015 et c’est ainsi que les États-Unis ont recommencé à utiliser le charbon.
Au même moment, dans l’Océan Pacifique, une «île en plastique» trois fois plus grande que la France est en train de se former... À ce propos, je voudrais faire entendre à nouveau une voix forte qui, cette année, a rappelé à chaque habitant de cette planète, de toute culture et religion, sa responsabilité quant à la sauvegarde de notre «maison commune». C’est la voix du Pape François avec l’encyclique Laudato si’.
En s’inspirant du célèbre texte poétique de saint François (Le Cantique des créatures), il nous rappelle avec autorité et sans nostalgie, ni romantisme qu’il faut sauver la terre. C’est une analyse lucide des dégâts que nous sommes en train de provoquer en laissant que l’économie prenne le dessus sur la politique et que la technologie domine l’économie. Le Pape François nous rappelle que l’écologie commence en chacun de nous et qu’elle diffuse toute sa puissance avec des actions concrètes qui visent à la paix et au bien-être partagé.
La vision écologique chrétienne intègre tous les aspects humains et naturels de la création. À la base de l’attention pour la planète, il y a une relation forte entre les personnes et les choses et entre les choses et leur signification pour l’existence. N’est-il pas contradictoire de s’occuper plus des chiens et des chats que des personnes âgées? N’est-il pas déraisonnable de défendre les droits des animaux au lieu de ceux des pauvres? Il ne s’agit pas d’être écologistes, philanthropes ou membres de mouvements pour les droits des animaux.
Nous faisons tous partie de la création: personnes, animaux, plantes, le cosmos tout entier. Notre vie dépend d’une relation saine et équilibrée avec tous les êtres vivants. L’encyclique parle d’une «écologie intégrale» concernant l’environnement, l’économie, la société, la dimension culturelle de la vie quotidienne pour qu’elle sache protéger le bien commun et regarder vers le futur. Cela peut sembler un engagement énorme mais les paroles du Pape nous font comprendre que nous pouvons tous apporter notre soutien avec notre mode de vie et en diffusant un paradigme de développement différent: la décroissance heureuse et la sobriété comme valeur sont des tâches possibles pour chacun de nous.
Le mythe d’une croissance sans bornes n’est plus soutenable et quand on le poursuit, on provoque des catastrophes et des inégalités. Saint Antoine a su jouir des dons de la nature. Pendant ses derniers jours de vie, il s’était réfugié à la campagne, à l’ombre du noyer de son ami Tiso da Camposampiero. La fascination apaisante de la nature nous donne un bien-être physique et spirituel. En cette période de l’année, essayons de savourer cette beauté en exprimant notre gratitude au Seigneur et en nous affirmant comme les gardiens de la «maison commune» afin de la préserver pour les générations futures.