Année 132 - Mai 2020En savoir plus
Le métro de Moscou
Elide Siviero
Mon amie Teresa est allée à Moscou et elle m’a envoyé des photos de son voyage. Les images qui m’ont le plus frappée sont celles des stations du métro de Moscou. Je n’arrivais pas à croire qu’ils s’agissait d’images d’un chemin de fer souterrain: je connaissais celles des métros de Milan, de Rome, de Naples où les arrêts sont plus ou moins propres, parfois fermés car inutilisables ou encore délabrés et salis par des graffitis ou avec des escalators cassés.
Enfin parler des stations de métro n’évoque pas quelque chose de beau. Celles de Moscou sont de véritables musées à disposition de tout le monde. Elles ressemblent à des salles des palais impériaux: grandes, éclairées par d’énormes lustres, décorées avec d’élégants stucs et des fresques représentant diverses images de la nature et avec de magnifiques bancs en marbre. Une beauté vraiment à couper le souffle. J’ai pensé qu’investir tant d’argent dans des lieux utilisés seulement pour le passage des voyageurs doit avoir un but profond.
La guide motivait cela en disant que Moscou devait sembler une ville magnifique sous tous ses aspects y compris les stations de métro. Une sorte de besoin d’exhiber la suprématie et la beauté en ces lieux aussi. Moscou devait être la capitale la plus belle du monde et mon amie Teresa m’a dit qu’en effet, le centre-ville est merveilleux et très soigné. Mais penser aux stations de métro si belles évoque en moi une pensée plus profonde. Il est fondamental de savoir où on va mais il est important que, pendant le trajet, on puisse voir la beauté car elle fait naître en nous la force, l’espoir et la joie.
Car la beauté fait naître en nous une autre beauté. J’ai pensé que le Seigneur aurait pu nous donner seulement la destination finale, le Paradis: nous savons où nous devons aller et cela guide notre chemin. Mais il n’a pas voulu nous priver de la joie du chemin avec des «stations» qui nous soutiennent par leur beauté. Ces stations concernent par exemple la présence des frères dans notre vie, la joie du copartage mais surtout la Liturgie qui chaque dimanche nous met dans la beauté de Celui qui a voulu marcher avec nous et qui nous a laissé, avec l’Eucharistie, le lieu d’une rencontre avec Lui.
Cette station de la beauté est vraiment un salon impérial qui nous fait rencontrer le Roi de l’univers. C’est un lieu accueillant qui nous permet d’attendre son arrivée, pas dans notre petitesse mais dans la grandeur de la Divine Majesté. Le Seigneur ne nous a pas donné des stations délabrées où s’arrêter un peu en espérant que le temps passe vite mais il nous a donné la Liturgie où la salle d’attente de sa venue a déjà toute la saveur de la rencontre éternelle. C’est une salle magnifique, somptueuse et belle... comme les stations du métro de Moscou.