Le plaisir d’être lus

abbé Livio Tonello, directeur

Chère lectrice, cher lecteur... Oui, je m’adresse à vous qui êtes en train de lire cet éditorial. Peut-être que la journée est chaude, peut-être êtes-vous assis sous un arbre feuillu ou sur un canapé, peut-être êtes-vous soucieux ou que vous attendez quelque chose... Les bienfaits de la lecture sont nombreux pour tous.

Et peut-être que la période idéale pour lire est l’été puisque nous avons plus de temps. Mais lire n’est pas seulement un passe-temps : lire change notre vie. Et cela ne concerne pas seulement une page de l’Évangile (souvent pas ici) mais tous les livres qui passent entre nos mains. La lecture crée un dialogue entre l’auteur et le lecteur, elle nous transporte dans un monde différent par rapport au nôtre et à nos convictions.

Ce qu’on lit ne se limite pas à enrichir notre connaissance mais nous change. Ce n’est pas la quantité de livres lus qui est une source de connaissance mais les livres « qui nous ont lus ». Il y a des textes qui nous marquent et qui peuvent changer notre vie. Après la lecture nous ne sommes plus les mêmes car quelque chose est entré en nous en nous changeant profondément. On change notre manière de penser ou de juger quelque chose, on modifie notre style de vie.

Ce sont des livres qui deviennent formatifs et qui nous aident à mûrir. Ce dialogue nourrit nos pensées, crée des changements, aiguise notre pensée. Le lecteur se retrouve dans certaines paroles, il prend conscience de ses sentiments, il se sent interpellé et des émotions de stupeur, de colère ou de complaisance s’allument en lui. C’est la rencontre avec le monde culturel de l’auteur qui implicitement pensait déjà à moi.

Par exemple cela concerne la rédaction des Évangiles écrits y a deux mille ans pour moi aussi. Les pensées des Évangiles ne sont pas confinées dans le passé mais elles sont actuelles et elles continuent à nous interpeller. Leurs paroles sont capables de susciter en nous les mêmes sentiments et les mêmes réactions éprouvées par les personnes de cette époque lointaine. Et elles le font car elles atteignent profondément l’intériorité humaine de toutes les époques et de tous les lieux. Les pages d’un livre ne sont jamais neutres.

Elles interpellent ma vie, elles la sollicitent, l’éclairent, la transforment dans le bien et dans le mal. Cela arrive maintenant aussi, pendant que tu es en train de lire ce texte. Je l’écris en pensant à toi, même si je ne te connais pas je sais que nous sommes en train de dialoguer, même à distance. Je suis en train d’écrire en pensant à ce que ces paroles pourront te dire et je sais que pendant que tu les lis, il y a quelque chose qui traverse ton esprit.

Je ne saurai jamais quelles sont tes réactions mais je suis conscient que ce que j’écris (ou ce que je dis) pourra lire dans ton cœur et faire émerger des souvenirs, des émotions, des expériences. Ainsi la chose fondamentale ne sera pas ce que tu liras dans cette revue mais ce qu’elle aura lu de ta vie pour la rendre meilleure. Bonne lecture !