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Les verbes du matin

abbé Livio Tonello, directeur

Le jour commence avec l’aube ensuite suivie par la lueur brillante et rosée de l’aurore qui précède le lever du soleil. Pour certains, c’est le plus beau moment de la journée tandis que pour d’autres, ce n’est que l’expulsion du monde des rêves. Les verbes pronominaux « se réveiller » et « se lever » expriment bien ce que nous faisons chaque matin. Se réveiller n’implique pas un acte volontaire car les yeux s’ouvrent naturellement.

Nous passons du sommeil à l’état de veille sans nous en apercevoir. On a la sensation de passer de la mort à la vie, d’une condition d’inconscience à une existence consciente. Cependant, se lever est un acte de volonté... parfois très difficile. Une volonté supportée par le sens du devoir, par le désir de faire quelque chose et par la conscience des engagements pris. Peut-être en a-t-il été ainsi pour la résurrection de Jésus ?

Pour parler du matin de Pâques, dans le Nouveau Testament on utilise ces expressions : « Dieu l’a ressuscité d’entre les morts » (Actes 3,15), « livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification » (Romains 4,25), « Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité » (1Thessaloniciens 4,14). Les verbes utilisés ont une profonde signification : réveiller, faire sortir du sommeil, faire lever celui qui gisait dans les liens de la mort.

Ces verbes soulignent l’action du Père sur le Fils, l’action de l’Esprit vital sur Jésus. Cette action est le signe de la puissance divine comme au début de la création. Tout a eu lieu par l’initiative libératrice de la grâce en faveur du Crucifié. L’événement unique de la résurrection nous renvoie à la vie, à un nouveau début. La résurrection est la nouvelle création, le point de départ du Christianisme, elle représente le temps précieux pour recommencer à nouveau pour tous les chrétiens.

Cette année, elle a une signification particulière car nous vivons tous dans l’attente de la fin de la pandémie. Ce drame a mis en évidence la valeur incommensurable du don de la santé et nous désirons tous reprendre le rythme de notre vie quotidienne, chamboulée par la Covid qui est peut-être aussi l’occasion de réfléchir sur notre style de vie et pour discerner ce qui est essentiel et ce qui compte vraiment.

Nous sommes éclairés par la joie du Seigneur qui a inauguré l’aube d’un nouveau jour et qui marche devant nous. Il y a deux mille ans à l’aube, un jour nouveau a commencé, une journée « sans coucher de soleil » comme celui que l’hymne des Vêpres de la liturgie des Heures du mercredi annonce: « Seigneur / créateur du ciel et de la terre / Aurore inexhaustible / jour sans fin ». Notre « résurrection » quotidienne se dilate en attendant de sortir du rituel répétitif des aubes et des couchers du soleil.

Le désir de nous relever après cette longue période de souffrance et d’angoisse est aussi un acte de foi au nom du Ressuscité qui a été plus fort que le mal et la mort. Bonne Résurrection du Seigneur !