Nous sommes tous connectés : mais communiquons-nous vraiment ?

abbé Livio Tonello, directeur

Chacun de nous connaît les nouvelles applications et leurs fonctions informatiques comme Facebook, Instagram, Twitter… Ce sont surtout les jeunes qui s’y sont familiarisés et qui maîtrisent leur fonctionnement. Mais nous ne pouvons que nous poser une question : favorisent-elles vraiment la communication ? Il est vrai que les réseaux sociaux permettent à n’importe qui, où qu’il soit, de joindre ses connaissances et de rester en contact en permanence avec le monde entier. Les « digital natives » sont des utilisateurs intensifs de tous les outils du numérique (réseaux sociaux, jeux vidéo, ordinateurs, etc.) pour communiquer.

Le téléphone a été désormais remplacé par le smartphone, un véritable ordinateur qui propose de nombreuses fonctionnalités. Mais est-il vrai que les smartphones, Internet et les applications numériques aident à communiquer davantage ? Dans la rue, dans les cafés et même au volant, on voit des personnes qui tiennent leur portable dans une main et qui souvent ignorent l’autre car elles regardent justement leur téléphone. La technologie facilite certainement les contacts en restant néanmoins négative pour la communication entre les personnes qui l’utilisent. Le terme « communiquer » vient du latin « cum munis » c’est-à-dire mettre ou avoir en commun, faire le don de soi, de sa personnalité par les mots, la voix, le contact. Il ne suffit pas d’utiliser le potentiel de la technologie.

Certains rompent une relation amoureuse par texto, d’autres répondent avec un émoticône; d’autres encore offensent l’autre avec une grande violence verbale tout en gardant l’anonymat (nickname). Dans ce dernier cas surtout, il n’y a pas de communication, on veut démolir l’autre en montrant le pire de soi. Si d’une part, le portable est une avancée technologique dans le domaine de la communication avec une multitude d’options d’usage offertes, de l’autre il peut « couper » les utilisateurs des personnes « physiques ». Quand on est en face de l’autre, on peut s’expliquer, changer son état d’âme... L’expression du visage, les gestes, le ton de la voix, la position du corps en disent plus long que les mots. Je réfléchis sur tout cela en pensant à la fête de saint Antoine que l’on célèbre le 13 juin.

Nous savons bien que les sermons de saint Antoine ont eu un grand impact sur ceux qui les écoutaient, non seulement à cause de leurs profonds messages mais aussi grâce au témoignage de sa vie. Il ne faut pas diaboliser les nouveaux médias évidemment car l’information a été toujours transmise par des moyens humains depuis les sculptures rupestres des premiers hommes. Toutefois le message change en fonction de son utilisation. La facilité de se parler et de se voir en vidéo, d’envoyer des textos et des messages ne va pas de pair avec la possibilité de communiquer vraiment, de confier à l’autre une partie de soi même pour créer communion et solidarité. Pour faire tout cela, nous avons besoin d’une bouche, d’un cœur et d’un esprit de qualité.