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Quarante : le temps de la maternité

abbé Livio Tonello, directeur

Quarante est un nombre biblique hautement symbolique. Il apparaît dans l’histoire de Noé, accompagne la décision d’Isaac de fonder une famille, marque les années d’errance de Moïse dans le désert, rappelle les jours de la conversion de Ninive, les années du règne de Saül, de David et de Salomon... et ainsi de suite jusqu’à l’expérience de Jésus dans le désert : son Carême. Quarante : un nombre qui accompagne les moments forts de l’expérience de foi du peuple de Dieu à toutes les époques. Pas seulement au sens chronologique, comme une somme de jours, mais plutôt comme une attente, une épreuve, une espérance : le temps de générer quelque chose de nouveau.

Curieusement, de nombreux événements de la vie sont liés à ce nombre, en particulier lors’ que l’on engendre une nouvelle vie : les jours d’attente d’une grossesse probable, les semaines de gestation avant l’accouchement ; les jours de récupération physique... les temps qui marquent la naissance de la vie ! Est c’est ce que l’on attend du Carême (qui commence le 5 mars avec le Mercredi des Cendres) parce que c’est le temps qui engendre une nouvelle vie, le temps de la maternité. C’est une théologie tissée dans la chair à redécouvrir et qui nous fait relire les quarante jours de Carême dans une clé existentielle, liée au mystère de la vie dont les femmes sont les premières gardiennes et médiatrices. Il s’agit d’un achèvement symbolique de tous les nombres bibliques.

Le Carême est un temps de gestation pour donner naissance à cette nouvelle créature que nous sommes appelés à devenir dans le Christ, mort et ressuscité. Il s’agit d’accueillir ce temps fécondé par la Parole pour faire naître en nous l’homme nouveau. Non seulement pour nous, mais pour toute la création, selon les expressions profondes et quelque peu énigmatiques de l’apôtre Paul adressées aux Romains : « Car nous savons bien que la création tout entière gémit et souffre jusqu’à présent dans les douleurs de l’enfantement ; elle n’est pas seule, mais nous aussi, qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons intérieurement dans l’attente de l’adoption comme fils, de la rédemption de notre corps » (Rm 8,22-23). Quarante jours suffiront-ils ?