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Ressusciter

abbé Livio Tonello, directeur

Dans la nature, le printemps nous permet d’assister au phénomène de la renaissance. En réalité, ce sont des transformations car s’il s’agissait de la mort, tout serait fini. Toutefois si nous pouvons parler de renaissance, ce n’est que par analogie. Même si à nos yeux l’arbre, qui en hiver semblait mort, renaît en fleurissant, en réalité il ne s’agissait que d’une pause d’inactivité. La lymphe était toujours là, même sans couler.

Si nous utilisons cette analogie de la renaissance à la résurrection de Jésus, nous savons qu’il ne s’agit pas de la même chose. Jésus est bien mort sur la croix. Il est ressuscité du tombeau, c’est-à-dire qu’il est revenu à la vie en ressuscitant des morts. Il s’agit d’un événement unique et irrépétible de l’histoire humaine. Donc, uniquement par analogie, chaque fois que quelque chose semble mort et qu’on assiste à une reprise de la vie, nous pouvons affirmer qu’elle ressurgit ou que tout au moins elle revit. Cette image est très suggestive et elle a de nombreuses références dans la vie de l’homme, dans le domaine social et dans les vicissitudes économiques.

Une société remonte de la crise, un projet mis de côté ou une ville ravagée par la guerre ou par le tremblement de terre renaissent. Resusciter! Quelle puissance dans cette parole! Pensons aux nombreux chrétiens du Moyen-Orient ravagé par la guerre (Iraq, Syrie, Palestine) qui ont quitté leurs maisons et leurs églises rasées au sol: comme ils voudraient avoir la possibilité de tout recommencer! Et cela vaut pour chacun d’entre nous: peut-être nous est-il déjà arrivé, après une défaite, une humiliation, une erreur... d’avoir réussi à nous remettre sur pied, d’avoir recommencé à vivre comme avant et mieux qu’avant. Nous avons retrouvé en nous les forces pour le faire, un potentiel inné. La psychologie l’appelle résilience, un mot qui fait référence à la propriété de certains métaux capables de reprendre leur forme initiale.

En l’utilisant pour les personnes, cela signifie mettre en œuvre des potentiels intérieurs et retourner au point d’origine. Avec la foi nous pouvons croire que nous avons ce potentiel et nous mettons en œuvre une résilience dans les défaites et dans les fatigues grâce à la résurrection de Jésus. Cette conviction se concrétise dans la vertu de l’espoir. Il est possible de ressusciter à une vie nouvelle à travers la puissance du Saint Esprit qui agit en nous comme il l’a fait en Jésus: «Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous» (Romains 8,11).

Il ne s’agit pas d’une conviction psychologique ou thérapeutique. Nous croyons que le potentiel inscrit en nous est un don du Saint Esprit, un charisme que la foi et la grâce de Dieu génèrent en nous. Cette conviction peut être un message fort pour la société aussi. Avec la résurrection de Jésus nous n’annonçons pas un événement uniquement religieux ou spirituel. Cela signifie se confier au potentiel divin qui est inscrit en nous comme créatures de Dieu et avoir confiance en la force de son Esprit. Une société qui n’a pas de certitudes, de motivations pour faire le bien, d’espoir pour demain et pour la bonté des personnes, n’a pas de futur. Comme il est urgent de diffuser l’espoir et des sentiments positifs dans la vie sociale!

Semer la peur, la méfiance, le défaitisme n’est ni chrétien, ni civil. Des populismes faciles font levier sur la peur des personnes, sur la fragilité des valeurs, sur le manque de certitudes. Ils sont néfastes pour le développement et pour la cohabitation fraternelle. Ressusciter: c’est un impératif pour tous qui a ses racines dans la foi mais qui s’applique pleinement au destin de l’homme.