Année 131 - Avril 2019En savoir plus
Seigneur, où es-tu ?
la Rédaction
Après la mort de ma femme ma foi s’est brisée. Pendant les trois mois de sa pénible maladie, j’ai prié jour et nuit mais il n’y a rien eu à faire. Je l’ai perdue et cela a plongé toute ma famille dans le désespoir. Je suis plein d’amertume. Le Seigneur ne devrait pas permettre une perte si douloureuse. Ma femme devait encore cueillir les fruits de ses nombreux sacrifices. C’était une femme qui vivait pour la foi et pour la famille. Le soir, au coucher du soleil, elle récitait son chapelet en s’appuyant au balcon. Si je pense qu’il y a tellement de personnes qui vivent de manière malhonnête ou dans une richesse excessive, je pense que ce n’est pas juste que le Seigneur ait privé de la vie une femme si timorée de Dieu. Je continue à prier, je m’adresse à la Vierge Marie et à saint Antoine et je me demande pourquoi cela est arrivé. Pourquoi Dieu a voulu tout cela?
g.s.
Ton amertume et ta souffrance pour cette perte laissent entrevoir une certaine déception. Il semble que Dieu ait été sourd et injuste. Il nous arrive souvent dans la vie de nous demander: où est Dieu dans notre douleur, où est-il pendant que nous luttons pour la vie, où est-il quand le silence de la mort semble envelopper dans le néant les personnes que nous avons aimées et qui sont si bonnes? Le croyant n’est pas un privilégié qui n’est pas touché par ces expériences tragiques. Toutefois à ces moments-là il n’est pas seul. Dieu, auquel il se confie, connaît bien la tragédie de la douleur, de la solitude et de la mort. Jésus-Christ a connu l’humiliation de la croix et le silence de la mort mais il n’est pas resté prisonnier du sépulcre. Il est ressuscité. Maintenant il vit pour toujours. Il nous assure que les semences de bonté, de générosité, de vérité et du pardon sont éternels et qu’ils franchissent le seuil de la mort. Peut-être auras-tu du mal à comprendre mes paroles mais je suis certain que l’exemple de bonté et de lumière que ta femme a diffusé dans sa famille est encore bien vivant. C’est l’éternité. C’est le mystère et la non évidence de la foi. N’aie pas peur de crier encore à Dieu ta douleur, n’aie pas honte des larmes qui peuvent encore couler sur ton visage! Le Dieu de la Vie écoute, il n’est pas sourd, la Source de l’amour voit, il n’est pas aveugle; le Ressuscité est tout près. Il n’y a ni douleur, ni mort qui peuvent nous anéantir: le croyant est un homme éprouvé mais pas écrasé, c’est un homme qui peut être durement mis à l’épreuve par la douleur mais qui garde dans son cœur la certitude que la pierre du sépulcre n’est pas le dernier mot. Tâche de vivre avec tes enfants les choses belles et les valeurs qui ont éclairé la vie de ta femme: le détachement et l’éloignement seront moins pénibles et plus courts.