Delphine Allaire – Cité du Vatican
Quelle était l'intention de saint François en créant cette crèche vivante? s’est interrogé l’évêque de Rome répondant à l’aide du premier hagiographe du Poverello, Thomas de Celano, qui explique les motivations de François d'Assise dans la biographie officielle Vita prima: «Je voudrais représenter l'Enfant né à Bethléem, et voir en quelque sorte avec les yeux du corps les difficultés dans lesquelles il s'est trouvé par manque des choses nécessaires à un nouveau-né, comment il a été couché dans une mangeoire et comment il s'est couché sur le foin entre le bœuf et l'âne».
L'étonnement devant l'extrême humilité
Ainsi François d’Assise ne veut pas créer une belle œuvre d'art, mais susciter, à travers la crèche «l'étonnement devant l'extrême humilité du Seigneur, devant les épreuves qu'il a subies, par amour pour nous, dans la pauvre grotte de Bethléem», assure le Pape qui a dédié une lettre apostolique au merveilleux signe de la crèche, le 1er décembre 2019.
Le biographe du saint d'Assise, Thomas de Celano, précise encore: «Dans cette scène émouvante, la simplicité évangélique resplendit, la pauvreté est louée, l'humilité est recommandée. Greccio est devenu comme un nouveau Bethléem».
La crèche, une école de sobriété
Voici la première caractéristique, la crèche est née comme une école de sobriété, relève le Saint-Père, y voyant un enseignement pour notre temps. «Le risque de perdre ce qui compte dans la vie est grand et, paradoxalement, il augmente précisément à Noël: plongés dans un consumérisme qui en corrode le sens», regrette le Successeur de Pierre.
«C'est vrai, vous voulez faire des cadeaux, c'est bien, c'est une façon, mais cette frénésie de faire les courses cela détourne l’attention et il n'y a pas cette sobriété de Noël», fait remarquer François, rappelant que la crèche a été créée pour nous à l'essentiel, qui est de considérer les personnes avant les choses. «Et nous, souvent, plaçons les choses avant les personnes», a-t-il déploré. Le Pape a ensuite développé la joie, indissociable de la crèche: «La sobriété, l’émerveillement portent à la vraie joie profonde, non la joie artificielle».
Une source de vraie joie
«Mais d'où vient cette joie de Noël? Certainement pas du fait d'avoir rapporté des cadeaux ou d'avoir vécu des fêtes somptueuses. Non, c'était la joie qui déborde du cœur quand on touche de sa propre main la proximité de Jésus, la tendresse de Dieu, qui ne laisse pas seul, mais qui console», a noté le Pape, qualifiant ultimement la crèche de «petit puits où puiser la proximité de Dieu, source d'espérance et de joie».
«Elle est comme un Évangile vivant, un Évangile domestique. Comme le puits de la Bible, elle est le lieu de la rencontre, où nous apportons à Jésus, comme l'ont fait les bergers de Bethléem et les habitants de Greccio, les attentes et les préoccupations de la vie. Si, devant la crèche, nous confions à Jésus tout ce qui nous est cher, nous connaîtrons nous aussi une "grande joie" (Mt 2,10).»
Une joie que le Pape souhaite voir provenir de la contemplation et de l'esprit d'émerveillement face à ces mystères. «Allons devant la crèche. Que chacun regarde, regarde, et que l'on sente quelque chose dans son cœur», a-t-il enjoint.