Les Cuisines Économiques Populaires (CEP) ne font plus peur! Oui, cette formidable institution qui depuis 137 ans a rassasié et redonné un peu de dignité et de vie à des milliers de personnes, provenant de tous les pays du monde, il y a quelques années encore était considérée par une partie des habitants de Padoue comme un lieu à fuir, comme si elle était fréquentée par des personnes méchantes.
Sœur Albina Zandonà, la Directrice qui a remplacé depuis deux ans l’infatigable sœur Lia, répète: «Ici il n’y a pas de personnes à esquiver mais seulement des frères dans le besoin!» Ceux qui ont la possibilité de se rendre au siège des CEP, au 12 de la rue Tommaseo, près de la gare des chemins de fer de Padoue, s’aperçoivent qu’il y a une atmosphère plus sereine et familiale, qu’on a augmenté les services à la personne et que ce lieu de charité est un grand signe de la Providence envers ses créatures.
Tout cela grâce au Diocèse de Padoue qui, avec la Caritas, arrive à couvrir presque tout le budget de la gestion, grâce aux associations, à des centaines de volontaires, aux contributions des institutions, de religieux et de religieuses, de bonnes personnes de la ville et de l’Association Universelle de saint Antoine: cette dernière a toujours supporté les CEP depuis leur ouverture dans la paroisse de saint Daniel où officiait leur fondateur, l’abbé Antonio Locatelli.
Maintenant chers amis et chères amies, votre aide se concrétise en au moins 50 kilogrammes de pain offert chaque jour et qui augmente selon les besoins. Elles s’appelaient “cuisines” car en 1882 à l’occasion de l’inondation du fleuve Bacchiglione qui dévasta Padoue et sa province, Stefania Ombroni, de foi protestante, eut l’idée de donner des repas chauds aux personnes frappées par la catastrophe.
Ce fut un cas d’œcuménisme avant la lettre car l’année suivante, les “Cuisines” passèrent au diocèse de Padoue: l’évêque Monseigneur Giuseppe Callegari réglementa leur structure et il en confia la gestion aux sœurs élisabéthaines qui distribuaient 3000 repas par jour au siège de la rue Fra Paolo Sarpi.
Au cours des siècles, le service a évolué et grâce à l’actuel évêque, monseigneur Claudio Cipolla, l’institution a conflué dans la “Fondation canonique dédiée aux prêtres padouans Giovanni Nervo et Giuseppe Benvegnù”. L’évêque veut que les Cuisines deviennent un véritable “Chantier de Charité et de Justice” afin que chaque besoin trouve dans la communauté «une réponse efficace et digne».
Il a demandé «un effort renouvelé de la part des réalités paroissiales, religieuses, sociales et du monde économique avec une forte action de sensibilisation aux thèmes de la pauvreté, afin que chaque personne en difficulté ne soit pas seule mais qu’elle sente qu’il existe une communauté qui s’occupe d’elle». Il semblerait bien que tout cela soit sur le point de se réaliser grâce à la Providence.
Nous trouvons sœur Albina au travail avec sœur Federica. Elle dit: «Je partage entièrement le projet de l’évêque qui veut que les portes des Cuisines soient toujours ouvertes afin qu’elles ne soient pas un ghetto mais une partie de la ville. Cela se concrétise avec les personnes non besogneuses qui ont commencé à participer au dîner en se familiarisant avec les hôtes habituels: si on a le temps, j’aime les accompagner visiter la structure et les espaces où nous offrons le service des repas, des douches, de la buanderie, les salles pour l’écoute et l’orientation, le cabinet médical, les salles pour l’accompagnement familial et scolaire.
L’objectif est de changer l’imaginaire collectif que les personnes ont de ce centre et d’inviter tous les citoyens à collaborer. Le but de l’ouverture des Cuisines est de voir de plus en plus de personnes s’engager pour lutter pour une société plus juste qui aide les malheureux. Nous sommes en train de concrétiser diverses initiatives: par exemple le “dîner suspendu” demandé par les personnes “normales”.
En quoi consiste-t-il? Des jeunes, des couples, de collègues de travail réservent le dîner et quand ils vont à la caisse ils paient pour deux; une fois pour euxmêmes et une fois pour ceux qui n’en ont pas la possibilité. Ainsi crée-t-on une famille et donne-t-on aux besogneux. Parfois on arrive à avoir de nouveaux volontaires dont nous avons toujours besoin. On offre chaque jour 500 repas. C’est la Providence qui soutient tout cela».