Giulio Bultrini - Cité du Vatican
La branche italienne de Save the Children présente le 27 juillet un rapport intitulé "Petits esclaves invisibles", en vue de la Journée internationale contre la traite des êtres humains, qui a lieu chaque 30 juillet. Il en ressort que l’exploitation des personnes concerne principalement des femmes et des enfants de tous âges, et reste l'un des marchés illicites les plus répandus et tristement rentables au monde, avec le trafic de drogue et celui des armes. En 2020, les cas confirmés suivis de procès et de condamnations ont permis de comptabiliser 109.216 victimes dans le monde. En Europe, où le marché de la traite des êtres humains représente un bénéfice estimé à 29,4 milliards d'euros, un quart des cas identifiés concernent des mineurs, en grande partie piégés dans la prostitution.
Avec la pandémie, de nouveaux phénomènes
Avec la multiplication des confinements et la fermeture des frontières nationales, les méthodes de travail de cette industrie illégale ont changé, obligeant les autorités à s'adapter, souligne le rapport. La traite dite "numérique" concerne l'ensemble des nouvelles pratiques par lesquelles les trafiquants poursuivent leur activité. Les organisations criminelles actives dans le domaine de la traite des êtres humains passent désormais de plus en plus par l'exploitation sexuelle à domicile et les canaux alternatifs, créant ainsi un véritable système de traite en ligne.
Parmi les nouveaux outils pour recruter les victimes figurent les chats en ligne, les réseaux sociaux, les agences d'emploi et les agences d'aide à l'immigration. D'autre part, les paiements sont rendus intraçables grâce aux progrès des crypto-monnaies et à la communication via le dark web, la partie cachée d'internet qui garantit l'anonymat de ceux qui l'utilisent. «Le phénomène de la "traite numérique" s'est particulièrement développé durant la période de la pandémie de covid. Alors que les criminels ont su saisir très rapidement les opportunités du numérique, les autorités et le réseau de protection sont désormais confrontés à plusieurs défis pour tenter de contrer le phénomène», explique Raffaela Milano, directrice des programmes Italie-Europe pour Save the Children.
Les risques augmentent avec la crise économique
En Italie, le nombre de cas aidés en 2021 par le système de lutte contre la traite des êtres humains était de 1 911, concernant principalement les femmes. Parmi les victimes, la forme d'exploitation la plus répandue était l'exploitation sexuelle, suivie par l'exploitation du travail. Les témoignages recueillis par Save the Children et d'autres organisations et référents institutionnels montrent que la crise économique causée par la pandémie a multiplié les risques d'exploitation pour des groupes particulièrement vulnérables, tels que les mineurs étrangers non accompagnés. Ces derniers arrivent souvent avec une lourde dette envers les trafiquants qui ont payé pour leur transfert dans le pays.
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